Pourquoi nous sommes contre Frontex
Frontex sépare violemment les personnes.
Par la surveillance, les contrôles et la violence policière aux frontières extérieures de l’espace Schengen, Frontex classe les personnes dans des catégories telles que la « nationalité », le « sexe », l’« âge », le « statut de réfugié·e » et les traite ensuite de manière inégale. Frontex privilégie les Européen·ne·s et discrimine toutes les autres personnes. Cette inégalité de traitement raciste entre les personnes d’Europe et du Sud mondial remonte à l’époque coloniale, où l’Europe a construit un monde injuste avec beaucoup de violence.
Frontex n’est pas une coïncidence.
Le manque de protection des droits humains des personnes migrant·e·s en mer n’est pas une « anomalie tragique », mais bien la conséquence de décisions politiques concrètes. Il s’agit de pratiques délibérées des États membres et des institutions européennes, ainsi que d’autres acteurs·trices. Ensemble, iels créent un environnement dans lequel la dignité et les droits humains des personnes migrant·e·s sont menacé·e·s.
Frontex renforce l’ordre mondial impérial.
Aujourd’hui encore, l’Europe opprime les personnes et les États du Sud global. En Europe, de nombreuses personnes se sentent supérieur·e·s aux habitant·e·s du Sud mondial et n’ont donc aucun problème à exploiter et à traiter différemment le reste du monde. Le pouvoir frontalier de Frontex renouvelle et perpétue sans cesse les relations commerciales mondiales asymétriques et l’ordre mondial impérialiste entre les personnes et les États de l’espace Schengen et ceux du Sud mondial.
Frontex renforce l’exclusion discriminatoire du marché du travail européen.
Alors que les employé·e·s européen·ne·s peuvent chercher du travail partout dans l’espace Schengen et obtenir un droit de séjour avec un contrat de travail, les employé·e·s des pays du Sud mondial sont exclu·e·s du marché du travail européen. Et même s’iels trouvent un emploi en tant que sans-papiers et travaillent dur pendant des années, cela ne signifie pas qu’iels ont le droit de rester. Frontex impose par la force cette exclusion discriminatoire à la frontière extérieure de l’espace Schengen, que ce soit lors de l’arrivée dans cette zone ou, de plus en plus souvent, lors du départ suite à une expulsion.
Frontex transforme les zones frontalières en zones militarisées.
Là où Frontex apparaît, des clôtures frontalières ou des murs sont souvent érigés. Des drones et des caméras surveillent tout. Des agent·e·s armé·e·s de la police des frontières patrouillent et mènent des opérations violentes telles que des refoulements. La vie dans ces régions est de plus en plus marquée par la surveillance et la violence frontalière. Dans les Balkans, en mer Égée, en Afrique du Nord ou aux Canaries, les communautés locales et les espaces de vie ont ainsi été détruits.
Frontex bloque la liberté de mouvement pour tout le monde.
La violence de Frontex aux frontières extérieures de l’espace Schengen fait de l’Europe une forteresse. La plupart des personnes originaires d’Europe obtiennent un visa pour presque tous les États du monde et peuvent se déplacer très librement. Il en va autrement pour les personnes originaires du Sud mondial. Leur liberté de mouvement est limitée. Plus iels se dirigent vers l’Europe, plus les voyages par curiosité, la migration pour le travail et même la fuite sont rendus illégaux, extrêmement dangereux et hors de prix.
Frontex rend plus difficiles les relations libres, égalitaires et solidaires dans le monde entier.
Les défis mondiaux tels que le climat, les pandémies, la guerre, la pauvreté ou la faim exigent des réponses durables, basées sur la solidarité mondiale, l’égalité et la liberté, plutôt que sur la concurrence, l’exploitation et les querelles entre les humains et les États. La violence aux frontières, la surveillance, les expulsions de Frontex déchirent, compliquent et empêchent en outre systématiquement les relations amoureuses, amicales ou familiales (choisies) entre les personnes du Sud mondial et du Nord. Au lieu de cela, les personnes issues de ces deux régions du monde se rencontrent et se qualifient d’étrangères.
Frontex présente la migration comme un danger.
Les agent·e·s de Frontex portent des armes et mènent des opérations policières, presque militaires. Iels rédigent de longues analyses de risques et parlent constamment de sécurité. Ainsi, beaucoup ont le sentiment que l’Europe est sous pression et qu’elle doit se protéger d’un danger « extérieur ». Ce préjugé conduit de nombreuses personnes et de nombreux États de l’espace Schengen à considérer la solidarité nationaliste « vers l’intérieur » comme plus importante que la solidarité mondiale sans frontières.
Frontex complique le « Defund Police ».
Pour combattre le profilage racial et la violence raciste de la police, le mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent) demande une réduction des moyens financiers, du personnel, de l’équipement et des droits spéciaux de la police. Cela vaut également pour Frontex. Son budget a augmenté de 7000 % depuis sa création. De plus en plus de policier·ère·s travaillent pour Frontex avec de plus en plus de pouvoirs. Frontex dispose également d’un équipement de plus en plus élaboré. Tout cela est à disposition pour que des policier·ère·s privilégiant le racisme agissent efficacement, systématiquement et violemment contre les personnes victimes de discrimination raciale à la frontière de l’espace Schengen.
Frontex conduit à la militarisation et à l’insécurité des routes migratoires.
Frontex assure la sécurité selon ses propres dires. Mais la sécurité pour qui ? Que signifient les opérations armées des bientôt 10 000 agent·e·s de Frontex aux frontières extérieures de l’Europe ? Les opérations de drones ? Les saisies de données numériques et les systèmes de surveillance ? Pour les personnes migrantes et les réfugié·e·s qui se dirigent vers l’Europe, cela signifie : plus de mort, plus de souffrance et plus de privation de droits. La sécurité meurt avec la sécurité.
Frontex nuit au climat.
Les inondations, les sécheresses et les tempêtes qui se multiplient en raison du changement climatique touchent principalement le Sud mondial de la planète. Pour maîtriser de telles crises climatiques, il faudrait que tous les habitant·e·s de la planète s’unissent sans frontières. Frontex rend cela plus difficile. Elle enfonce un coin entre les États et les personnes dont l’empreinte écologique est trop importante et ceux du Sud mondial qui sont touchés par les conséquences écologiques du mode de vie impérialiste du Nord.
Frontex fait monter les émissions de CO2.
La protection du climat n’est pas seulement une tâche individuelle, mais aussi et surtout une tâche collective. Frontex fait partie du complexe militaro-industriel mondial. Celui-ci a une énorme empreinte écologique et contribue aux émissions de CO2 par une consommation excessive de pétrole. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine consommait un gallon d’essence (3,7 litres) par personne et par jour. Pendant la guerre du Vietnam, ce chiffre était de neuf gallons, pendant l’opération « Tempête du désert », de dix gallons, et pendant la deuxième guerre du Golfe, de quinze gallons. Les technologies militaires actuelles atteignent des niveaux de consommation d’énergie insoupçonnés.